Ballons d’eau chaude : une filière pionnière pour neutraliser les gaz super-polluants
Depuis mai 2025, la France abrite une première mondiale : le premier centre de dépollution des ballons d’eau chaude (BEC) usagés, au Vigeant (Vienne). Portée par Ecosystem et des industriels comme le Groupe Atlantic, cette filière capte les gaz fluorés — 12 000 fois plus puissants que le CO₂ — contenus dans 16 millions d’appareils en France. Une innovation qui allie transition écologique et économie circulaire, avec un rôle clé pour les artisans-plombiers.
Pourquoi une filière dédiée ?
Les ballons d’eau chaude (BEC) sont des équipements du quotidien, mais leur impact environnemental en fin de vie est souvent méconnu. Leur mousse isolante renferme des gaz fluorés, des substances extrêmement nocives pour le climat. Lorsqu’un BEC est broyé sans précaution, ces gaz s’échappent et contribuent massivement à l’effet de serre — l’équivalent de 200 kg de CO₂ par appareil, soit 900 km en voiture.
Jusqu’à présent, faute de traitement adapté, la plupart de ces appareils finissaient leur vie dans des filières de recyclage classiques, sans dépollution préalable. La nouvelle filière, lancée par Ecosystem en collaboration avec des industriels comme le Groupe Atlantic, change la donne. Son objectif est clair : capter, liquéfier et détruire ces gaz avant qu’ils ne polluent, tout en recyclant les matériaux pour une seconde vie.
Le traitement des BEC usagés repose sur un circuit organisé et sécurisé
D’abord, la collecte : 90 % des appareils sont récupérés par les professionnels — plombiers, chauffagistes, installateurs — tandis que les 10 % restants proviennent des déchetteries. Une fois collectés, les BEC sont acheminés vers des centres spécialisés, comme celui de Decons au Vigeant.
Là, le processus de dépollution commence. Dans des installations hermétiques, les appareils sont broyés sous des hottes aspirantes qui captent les gaz fluorés. Ceux-ci sont ensuite liquéfiés, comprimés, puis neutralisés dans des fours à haute température. Les matériaux restants ne sont pas perdus : les mousses désamiantées sont transformées en pellets pour fabriquer des panneaux isolants, tandis que les métaux — qui représentent 95 % du poids d’un BEC — sont recyclés via les filières traditionnelles.
Pour les professionnels du bâtiment, cette filière représente à la fois une obligation légale et une opportunité. Depuis le printemps 2025, les plombiers et chauffagistes sont tenus de gérer les BEC usagés jusqu’à leur dépollution, en les confiant à des points de collecte agréés. Une responsabilité qui s’inscrit dans une démarche plus large de responsabilité environnementale, mais aussi de valorisation des déchets.
Concrètement, les artisans peuvent revendre les appareils usagés à des centres de récupération agréés, ce qui leur permet de répondre à la réglementation tout en participant activement à l’économie circulaire. Pour les accompagner, Ecosystem a mis en place une carte interactive des points de collecte et des outils de sensibilisation, comme un documentaire primé en 2025. Le Groupe Atlantic, leader du marché, a également mobilisé son réseau d’installateurs pour faciliter l’orientation des flux vers les bons circuits.
La filière de dépollution des BEC prouve qu’innovation technologique et engagement des artisans peuvent transformer un déchet en ressource. Une avancée majeure pour la transition écologique, où chaque acteur — des grands groupes aux TPE — a un rôle à jouer.